Une discothèque « halal », une vraie fausse bonne idée ?
Une idée stupide pour certains, courageuses pour d’autres, dans tous les cas une idée polémique dans le très conservateur royaume d’Arabie Saoudite. A Jeddah, il est question d’ouvrir la première discothèque qualifiée « d’halal », elle s’appellerait « White Jeddah ». Inutile de dire, que l’annonce de cette ouverture a rapidement suscité la réaction des religieux, qui ont obtenu le retrait de la licence de l’établissement. Celui-ci n’a pas dit son dernier mot.
Evidemment, la première question qui vient à l’esprit, c’est « qu’est ce qu’une discothèque halal ? Difficile à cerner très précisément, cependant, pour les propriétaires du « White Jeddah », il est par exemple question de musique, mais pas d’alcool. D’ailleurs, « White » exploite déjà des licences à Dubaï et à Beyrouth. Il reste que tout ceci, c’est de la théorie et dans les faits, c’est moins évident, car la boîte de nuit veut dire hommes et femmes dans un même endroit. Rajoutons à cela, que c’est pour danser et dans des tenues pas vraiment conformes à la morale religieuse.
Le White espère cependant « surfer » sur la vague réformatrice initiée par le prince Mohamed ben Salman, alias « MBS ». En 2016, il a lancé son projet « Vision 2030 ». Ce projet vise à moderniser le pays et il est question de promouvoir des loisirs et des divertissements dans le royaume. Les propriétaires du « White » font le « buzz » en invitant des stars du R’nB, du rap et de la pop comme Craig David ou Maître Gims. Serge Trad, responsable de la communication, a précisé que la piste de danse serait mixte et que les femmes ne seraient pas obligées de porter l’abaya, la tenue obligatoire dans le pays. Le seul dress code exigé avait été qualifié de « smart casual ».
Nous restons cependant au début de cette très ambitieuse et périlleuse réforme et l’ouverture de cette boîte apparaît encore trop « inédite ». Le grand mufti, la plus grande autorité religieuse du pays, a demandé de ne « pas ouvrir la porte du diable ». Il explique, que les cinémas et concerts constituent « un appel à la mixité entre les sexes » ce qui « corrompra la morale et détruira les valeurs ». Les conservateurs, dont certains considèrent à la base que la musique est « haram », ont bien sûr adopté la même ligne de pensée que le leader religieux.
La perplexité, a aussi gagné une partie de la population. Certains évoquent le fait que danser dans la tenue que l’on veut, comme chaque chose « haram » que l’on fait éventuellement, devrait rester dans la sphère privée et ne pas s’étaler en public. Ils sont nombreux à craindre la colère et les représailles des orthodoxes.
Au milieu de tout cela, les promoteurs du White Jeddah essayent de louvoyer pour contourner la loi et maintenir leur projet. Ils ont pris note, qu’ouvrir un « club » est encore « too much » en Arabie Saoudite, cela fait trop discothèque. Ils ont opté pour un « café lounge ». Apparemment, il semblerait que cela passe mieux, auprès des autorités, même si la subtilité peut un peu nous échapper.
Tout ceci, a fait tweeter au chanteur de R’nB américain Ne-Yo, qui était censé s’y produire en concert, « Wow… Excuses au peuple saoudien. J’étais littéralement sur mon chemin quand j’ai appris qu’ils étaient obligés de fermer pour des raisons techniques. J’avais hâte de jouer. Beaucoup d’amour à mes gars à White Jeddah. Peut-être que nous essaierons à nouveau une autre fois. Tenez-moi au courant ».
Crédit photo : the siberian
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